08. Le Nouveau Testament
1. Contexte général
- Thème de la rencontre : découvrir et situer les principaux livres du Nouveau Testament et donner envie de les lire.
- Fil rouge : la Parole de Dieu est vivante, qu’elle s’inscrit dans l’histoire, et elle nourrit concrètement la vie chrétienne aujourd’hui.
2. Parcours du Nouveau Testament
2.1. Les quatre Évangiles
On commence par les quatre évangiles et la question : qui sont les évangélistes ?
- Les 4 évangélistes : Matthieu, Marc, Luc, Jean.
- Distinction importante :
- Apôtre = témoin direct de Jésus vivant et ressuscité, choisi par lui. (Les 12)
- Évangéliste = celui qui a mis par écrit l’annonce de Jésus, inspiré par l’Esprit Saint et nourri des témoignages.
- Matthieu et Jean : apôtres et évangélistes.
- Marc et Luc : évangélistes mais pas apôtres.
Caractéristiques pédagogiques données pour chaque évangile :
- Marc : style plus narratif, dynamique.
- Matthieu : plus « catéchétique », très structuré pour l’enseignement.
- Luc : évangile de la miséricorde, très attentif aux femmes et aux pauvres.
- Jean : plus théologique et contemplatif, riche en symboles, souvent étudié en profondeur (exemple : un participant dit suivre 3 heures de cours par semaine sur Jean).
On souligne aussi :
- L’importance de l’historicité : derrière les évangiles, il y a des communautés, des écoles (par ex. « école johannique » pour Jean).
- Référence aux découvertes de Qumrân (1947) : manuscrits anciens qui confirment la profondeur historique et les racines juives des textes bibliques.
2.2. Les Actes des Apôtres
Contenu principal :
-
Ascension de Jésus.
-
Pentecôte, don de l’Esprit Saint.
-
Expansion de l’Évangile et formation des premières communautés chrétiennes.
-
Contexte de persécution : les chrétiens sont chassés, et c’est justement en fuyant qu’ils annoncent l’Évangile dans de nouvelles régions.
-
Remarque pratique : les cartes en début ou fin de Bible permettent de suivre les déplacements des apôtres.
Deux grandes figures mises en avant :
1. Pierre
- Considéré comme le premier pape. (« Tu es Pierre et sur cette Pierre, je construirai mon Église ». Référence également au tombeau de St Pierre sur lequel est construit St Pierre de Rome.)
- On parle là d’une succession ininterrompue des successeurs de Pierre jusqu’au pape actuel.
2. Paul
- Juif mais aussi citoyen Romain, d’abord persécuteur des chrétiens, puis converti de façon radicale (épisode sur le chemin de Damas).
- Il devient le grand missionnaire : voyages multiples autour de la Méditerranée (cartes des voyages de Paul).
- Il écrit de nombreuses lettres aux communautés qu’il a fondées ou visitées. Il symbolise l’ouverture vers l’église universelle (ouverte au non-juifs, les païens — comme nous !)
2.3. Les lettres de saint Paul (lettres pauliniennes)
Les lettres pauliniennes sont présentées, en rappelant qu’elles sont globalement classées par ordre de taille dans le Nouveau Testament, non par ordre chronologique.
Quelques exemples de lettres citées :
- Romains : une des plus grandes lettres, très riche théologiquement.
- 1 et 2 Corinthiens
- Galates
- Philippiens
- Colossiens
- 1 et 2 Thessaloniciens (Thessalonique étant en Grèce)
- 1 et 2 Timothée : adressées à un proche collaborateur de Paul.
- Tite : petite lettre à un autre collaborateur.
- Philémon (a priori évoqué comme « un des plus petits textes »).
- Hébreux : longtemps attribuée à Paul, mais aujourd’hui souvent considérée comme d’auteur incertain ; présentée comme une grande homélie très dense.
Points soulignés :
Paul n’est pas évangéliste :
- Il n’a pas écrit d’évangile, mais des lettres. A des communautés chrétiennes dans des contrées hors de Terre Sainte. (Et don non juives.)
- Il n’a pas connu Jésus de son vivant de la même manière que les apôtres, mais comme ressuscité lors de sa conversion.
Les lettres servent à :
- Encourager les communautés.
- Corriger des dérives.
- Répondre à des problèmes concrets (moraux, doctrinaux exemple : circoncision ou pas, communautaires, etc…).
2.4. Les lettres catholiques
Viennent ensuite les lettres dites "catholiques" : elles sont appelées ainsi car elles s’adressent à l’ensemble de l’Église et non à une communauté précise. On y trouve :
- Jacques
- 1 et 2 Pierre
- 1, 2 et 3 Jean
- Jude
Elles donnent un enseignement plus général sur la vie chrétienne, la foi, les œuvres, la persévérance, etc.
2.5. L’Apocalypse
On termine le parcours des livres par le Livre de l’Apocalypse :
- Dernier livre de la Bible.
- Attribué à Jean sur l’île de Patmos.
- C’est une révélation (vision) qu’il reçoit et met par écrit.
- Style apocalyptique : langage hautement symbolique. Et images fortes pour dire le nouveau monde instauré par la Résurrection et l’avènement du Royaume.
Deux passages sont particulièrement médités :
1. Apocalypse 3,20
« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3, 20)
Image de Jésus qui frappe à la porte de notre cœur et demande à entrer.
2. Apocalypse 22,17-21
« L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement. 18 Et moi, devant tout homme qui écoute les paroles de ce livre de prophétie, je l’atteste : si quelqu’un y fait des surcharges, Dieu le chargera des fléaux qui sont décrits dans ce livre ; 19 et si quelqu’un enlève des paroles à ce livre de prophétie, Dieu lui enlèvera sa part : il n’aura plus accès à l’arbre de la vie ni à la Ville sainte, qui sont décrits dans ce livre. 20 Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! 21 Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! »
- Derniers versets de la Bible.
- Invitation : « Que celui qui a soif vienne… »
- Mise en garde : ne pas ajouter ni retrancher à la prophétie de ce livre.
- Conclusion : affirmation de la venue du Christ et bénédiction finale.
3. Questions, échanges et clarifications
3.1. Descendance de Jésus et évangiles apocryphes
Une question est posée sur la supposée descendance de Jésus (référence au Da Vinci Code et aux théories autour de Marie-Madeleine).
Il est rappelé que :
- L’idée que Jésus aurait été marié à Marie-Madeleine et ait eu une descendance est une légende, sans fondement dans les évangiles canoniques.
- Sur la croix, Jésus confie sa mère à Jean : s’il avait eu une épouse, il serait logique de la mentionner là.
- Cette idée appartient avant tout à des spéculations modernes, à des œuvres romanesques (notamment « Da Vinci Code »), et à certains textes apocryphes postérieurs aux Évangiles canoniques.
- Les Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc, Jean) sont les sources les plus anciennes concernant la vie de Jésus, et ils ne mentionnent nulle part une relation amoureuse ou conjugale entre Jésus et Marie-Madeleine, ni aucune descendance issue de cette possible union.
- Certaines spéculations s’appuient sur l’Évangile de Philippe (IIe siècle ap. J.-C.), un texte apocryphe, où Marie-Madeleine est mentionnée comme compagne privilégiée de Jésus, ce qui a été interprété symboliquement ou, plus récemment, comme l’indice d’une relation intime. Cependant, ce texte est postérieur et n’a pas de valeur historique reconnue par les spécialistes.
- La recherche historique sérieuse comme la position officielle des grandes Églises chrétiennes réfutent l’existence d’une telle relation ou d’une descendance, car aucun document fiable et contemporain de Jésus ne l’atteste.
- En résumé, il n’existe à ce jour aucune preuve historique que Jésus et Marie-Madeleine aient été en couple ni qu’ils aient eu des enfants, et ces idées reposent sur des interprétations tardives ou des fictions modernes.
On en profite pour expliquer la notion d’évangiles apocryphes :
- Textes anciens non retenus dans le canon biblique.
- Exemples : évangile de Marie-Madeleine, de Judas, de Jacques, etc.
- Certains éléments de tradition (comme les noms des parents de Marie : Joachim et Anne) viennent d’apocryphes, mais l’Église ne les met pas sur le même plan que les évangiles canoniques.
Conclusion de cet échange :
- La mission de Jésus n’était pas de fonder une lignée humaine, mais de sauver l’humanité.
- La vraie « descendance » de Jésus est spirituelle, par la foi.
3.2. Difficulté à lire la Bible
Une participante partage sa difficulté : elle ouvre la Bible, se sent perdue, ne comprend pas bien, n’arrive pas à être « touchée » comme d’autres semblent l’être.
Réponses et pistes proposées :
-
C’est normal de trouver ça difficile :
- Les évangiles présentent plusieurs visages de Jésus, des styles différents.
- Les paraboles peuvent être déroutantes.
-
Pistes concrètes :
- Lire un peu chaque jour : par exemple, les textes de la messe quotidienne, ou un petit passage d’un évangile.
- Commencer par des livres courts (par ex. une lettre de saint Paul, la lettre de Jacques).
- Se faire aider par :
- Un accompagnateur spirituel.
- Des notes de Bible (Bibles annotées).
- Les homélies, les textes des saints, les méditations.
- Accepter que la compréhension se fait dans la durée :
- On peut entendre les mêmes textes pendant 20 ou 40 ans avant d’être vraiment touché par un verset.
- L’important est la fidélité et la persévérance.
Image importante : La Parole de Dieu est comparée à la pluie qui arrose la terre (Is 55) : elle ne revient pas à Dieu sans avoir produit un fruit, même si on ne le voit pas pousser instantanément et immédiatement.
3.3. Parole de Dieu, canonicité et écrits intertestamentaires
Quelques précisions doctrinales et historiques :
-
Parole de Dieu ≠ uniquement Écriture :
- Dieu parle aussi dans le cœur, dans la prière, dans les arts, dans la vie.
- Mais l’Église reconnaît une intensité particulière de la Parole de Dieu dans les Écritures.
-
Canonicité :
- La sélection des livres bibliques (canon) s’est fixée au fil des premiers siècles.
- Des Églises locales avaient leurs listes ; un consensus s’est formé au IVᵉ siècle.
- D’autres écrits anciens (livre d’Hénoch, écrits intertestamentaires, etc.) existent mais n’ont pas été retenus dans le canon.
Il n’y a pas de secret caché : les textes apocryphes sont édités, accessibles, mais ils ne sont pas au même niveau que les livres canoniques pour la foi de l’Église.
3.4. Ressources modernes : The Chosen, Bible Project
- The Chosen (série sur la vie de Jésus) et The Bible Project (vidéos explicatives) sont cités comme aides possibles.
- Mise en garde :
- Ce ne sont pas le Nouveau Testament lui-même, mais des regards posés sur lui.
- Ce sont comme des lunettes : utiles, mais il ne faut pas confondre la mise en scène avec le texte biblique.
- On ne « croit » pas en The Chosen, on croit en Jésus Christ tel qu’annoncé dans l’Évangile.
4. « Devoirs » et pistes pour la suite
À la fin, il est proposé comme suite concrète :
-
Lire, d’ici jeudi :
- Tobie ou Jonas (dans l’Ancien Testament).
- La lettre de saint Jacques (très courte, mais dense).
-
Puis, au cours de l’année :
- Creuser les évangiles petit à petit.
- Continuer à se laisser enseigner par la Parole à travers la liturgie, la prière, les partages.
5. Messages-clés de conclusion
1. La Parole de Dieu est vivante
- On peut lire le même texte 100 fois et y découvrir toujours quelque chose de nouveau.
- Elle éclaire à la fois qui est Dieu et qui nous sommes.
2. La Bible est exigeante mais féconde
- Il est normal de la trouver difficile.
- La fidélité, même avec une petite page par jour, permet à la Parole d’« arroser le cœur ».
3. La vérité ultime, c’est le Christ
- Ni un prédicateur, ni une série, ni une vidéo YouTube ne sont la mesure de la vérité.
- Tout doit ramener à Jésus : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14, 6)
4. L’Église, les saints et la tradition nous aident à lire
On ne lit pas la Bible tout seul : on la lit dans l’Église, avec son enseignement, sa liturgie, ses commentaires.
5. Invitation finale
- « Que celui qui a soif vienne » : la soif de Dieu est déjà un signe de l’Esprit à l’œuvre.
- Dieu parle, agit, et sa Parole ne revient jamais sans effet.
- Et comme dit la fin de la Bible : « Je suis le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement »